Le Vieux Paris de l’Exposition Universelle de 1900
Le Vieux Paris de l’exposition universelle de 1900, une reconstitution historique grandiose du Paris médiéval
Une attraction de l’exposition universelle sur le bord de Seine
Le Vieux Paris de l’exposition universelle de 1900 était installée sur les quais de Seine, rive droite à proximité des pavillons étrangers et de la ville de Paris. Cet espace se situait entre les deux grands ensembles essentiels de l’exposition :
- Les Champs Elysées et l’Esplanade des Invalides avec les Grand et Petit Palais rive droite et une exposition du verre, céramique et industries diverses rive gauche
- Le Champs de Mars et le Trocadéro avec le coeur de l’exposition universelle.
Enfin, la conception de l’attraction fut dirigée par Albert Robida, historien d’alors de Paris. Pour ce faire, il s’appuya des fonds fournis par Arthur Heulhard, chroniqueur au Figaro.
Mise en place par une société privée, cette attraction se visitait suite au paiement d’une entrée entre 50 centimes et 2 francs, suivant l’heure et le jour de la semaine.
Une reconstitution du Paris historique sur un effilement de rue en deux parties
Sur le Cours la Reine, on avait construit une enfilade qui reconstituait ce Vieux Paris. L’attraction partait du pont de l’Alma dans laquelle on entrait en passant sous une reconstitution de la porte Saint Michel.
Dans une premier temps, on longeait d’un côté des maisons célèbres de la ville (avec celle de Nicolas Flamel, Molière, Théophraste Renaudot) et de l’autre, la Maison aux piliers, ancêtre de l’Hotel de Ville, Saint Julien des Ménétriers pour arriver aux Halles.
Ensuite, on passait sous le Châtelet, pour poursuivre sur le Pont au change, rejoindre le Palais, la Sainte Chapelle, la Tour de l’Archevêché, tout en passant à proximité de la Foire Saint Laurent.
Ainsi, on retrouve dans cette attraction :
- des constructions emblématiques anciennes de Paris, à l’exception de Notre Dame : Maison aux piliers, le Châtelet, le Palais, la Sainte Chapelle, la Tour de l’Archevêché
- des maisons littéraires avec celle d’un écrivain (Nicolas Flamel), d’un journaliste (Théophraste Renaudot), d’un imprimeur (Robert Estienne), tout en faisant le lien avec l’Université.
Un pont est mis en avant : le pont au change que l’on disait alors être l’héritier du Grand Pont.
Ainsi, c’est le Paris médiéval qui est mis en valeur, entre principalement les XVe et XVIe siècles.
la Gazette du Vieux Paris, signée par des grands noms de l’époque : Jules Verne, Pierre Loti, Jules Lemaitre, Anatole France, Jean Aicard…
A l’intérieur des bâtiments, des boutiques et librairies proposaient la Gazette du Vieux Paris.
14 numéros furent publiés, toutes les deux semaines, tout au long de l’ouverture de l’exposition universelle. Chaque numéro était un véritable oeuvre d’art avec des papiers différents, des calligraphies travaillées…
Ces publications relatent l’histoire de la ville des gallos romains à Napoléon.
En savoir plus en consultant l’article du blog de Paris Libris
A la découverte d’une attraction et reconstitution historique de Paris :
La mise en avant d’une ambiance passée et de vie quotidienne
Dans le guide accompagnant l’attraction, plusieurs aspects de la vie parisienne sont mises en avant :
les nombreuses fêtes
Tout d’abord, on présente les grandes processions des nobles, du clergé, des moines et des bourgeois. De nombreuses stations dans des places décorées pour l’occasion ponctuaient ces marches. On y jouait alors des mystères.
Devant Saint Julien des Ménétriers à proximité de Halles, les parisiens venaient chercher des musiciens pour leurs fêtes. De leurs côtés, les jongleurs paradaient dans les rues et les foires.
Dans le Paris présenté dans l’attraction, apparaît également le théâtre moderne. Parmi les premières salles, il y avait l’Hôtel de Bourgogne. “Sous la tour Jean sans peur, ce sont d’autres fantoches maintenant qui égayent de leurs lazzis le vieux quartier Mauconseil : c’est Scaramouche et sa bande, Pantalone, Scapin, Arlequin, Polichinelle, Matamore, Cassandre, Pierrot, Colombine”.
une ville avec une forte criminalité
Dans le Vieux Paris, les spectateurs pouvaient admirer les sentinelles, avec leur casaque de buffle, leur bourguignotte sur la tête, avançant autour de la porte Saint Michel. Il faut dire que le Vieux Paris avait bien besoin de sécurité. En effet, le guide met en avant la forte criminalité qui régnait jadis. En effet, la ville était composée de nombreux petits quartiers, “refuge de malandrins et de coupeurs de bourse”. Parmi ceux-ci les organisateurs de l’attraction évoquait “Vaubert”
L‘expression de la justice se retrouvait dans différents endroits de la ville. On peut citer dans ce cadre le pilori et notamment celui de Saint Germain des prés présenté dans l’attraction. Dans ce lieu, des condamnés étaient exposé au regard public en haut d’une petite tourelle… avec en bas des magasins qui appartenaient du bourreau.
Des maisons aux pans de bois
Le Paris médiéval était, selon le guide de l’attraction, composé de petites maisons, en pans de bois. Elles s'”enserraient autour des grandes constructions des abbayes sous la protection de vieux remparts”. A leurs côtés, on trouvait des plus grandes bâtisses avec des pignons “de toutes formes et de petites tourelles. Ces habitations étaient peintes de couleurs vives, à côté de la polychromie du bois et des sculptures. Sur les façades, les nombreuses enseignes permettaient de se repérer dans les rues.
L’Université
Le Vieux Paris, c’est aussi l’Université et les écoliers qu’elles attiraient. Population turbulente, ils donnaient une tonalité forte à la vie quotidienne de la ville. Les cadets de nobles, fils de bonne bourgeoisie côtoyaient sur les bancs des étudiants plus modeste, voire mendiants. Le jour ils étudiaient, le soir ils rejoignaient les tavernes.
Par ailleurs, Paris était une ville composée de nombreuses églises. Le guide de l’attraction annonce “plus de 100 églises ou monastères”. L’île de la Cité comptait elle 18 églises autour de Notre Dame. “Quelle quantité de clochers et de clochetons causant entre eux
L’approvisionnement :
Les parisiens s’approvisionnaient en eau dans des puits, situés dans des carrefours. En souvenir, le Vieux Paris affiche le Puits d’amour, à la rencontre des rues de la Grande et la Petite Truanderie, à proximité des Halles. On y raconte qu’une jeune fille s’y était jetée par désespoir amoureux. Plus tard, un autre amant, refusé par la femme de sa belle, partit la rejoindre.
Ensuite, la vie marchande de Paris était articulée autour des Halles, que l’on retrouve dans l’attraction du Vieux Paris. On y trouvait de nombreux commerçants et artisans très différents. Le quartier est marqué de piliers, façades en bois. Partout dans les rues étroites, de nombreux vendeurs circulaient en criant leur marchandise, afin d’être entendus par les servantes restées dans la maison de leurs maîtres.
De manière ponctuelle dans l’année, la vie marchande de la ville était marquée par les foires, notamment celle de Saint Laurent. Au nord de Paris, du côté de l’église Saint Laurent, des forains commercialisaient des produits vendus d’ailleurs, à côté de jongleurs et acteurs.
Tout en rappelant des moments historiques particuliers
Le guide de l’attraction revient sur plusieurs événements de l’histoire de Paris.
Tout d’abord, il met en scène la montée d’Henri IV après la victoire d’Arques en 1589. A cette date, Paris est tenue par les ligueurs qui s’opposent à lui. Il tenta d’y entrer à proximité de la Tour de Nesle, profitant du brouillard. Le roi Bourbon était entrée dans l’abbaye Saint Germain, laissant ses troupes investir la foire. Il ne parvint pas à passer les murailles.
Ensuite, il présente l’histoire des nautes de Paris et de la Hanse des marchands de l’eau. Cette communauté avait organisé le commerce fluvial et progressivement constitué le corps qui structurait la gestion marchande de la ville. Son siège, la Maison des piliers, fut considérée comme l’ancêtre de l’Hôtel de Ville, devant la place de Grève. Le guide rappelle alors les nombreuses révoltes que connut Paris : les Maillotins, les Cabochiens, les Armagnacs et les Bourguignons au début du XVe…
On raconte également le supplice de 1409 du grand maître de la maison du roi, Jean de Montaigu. Arrêté par le prévôt de Paris, Pierre des Essarts, il fut conduit aux Halles pour être mis dans les mains du bourreau Capeluche.
Enfin, le guide raconte la visite de l’empereur Charles IV en 1378. Devant Saint Denis, l’empereur fut rejoint par le roi Charles V pour aller vers Paris. Le cortège entra dans la ville par la porte Saint Denis, en présence des grands dignitaires : ducs, évêques et les fonctionnaires de la cour…
La valorisation du gothique
Les belles maisons du Vieux Paris affichaient fièrement des beaux “pignons de toutes formes en charpente” avec des trilobes, des poinçons, des encadrements de fenêtres. Nombreuses d’entre elles mettaient en avant des images de pierre ou de bois montrant saints, fables, enseignes… Le guide de l’attraction citait “le mariage des quatre fils Hémon et des filles de Damp Simon”, “la grâce du Saint Esprit”, “Image saint Pierre”, “les trois reines”, “l’homme à deux têtes”.
Evidemment, le gothique parisien s’affiche aussi au travers de ses églises : “gables aigus”, “pinacles fleuronnés”, “fenestrages délicatement découpés”, “verrières flamboyantes”.
Sources bibliographiques :
- Le vieux Paris : guide historique, pittoresque et anecdotique. Exposition universelle de 1900
- Article du blog de Paris Libris sur la Gazette du Vieux Paris, vue le 19 janvier 2018