Histoires de Paris

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Vies de travail

Les marchands et artisans suivant la cour du roi

Les marchands et artisans suivant la cour du roi : des maîtres privilégiés ayant leur juridiction spécifique.

 

Que la justice au Moyen Age était compliquée ! On comptait bien sûr la justice du roi, qui s’appliquait à Paris par le prévôt de Paris. Mais ce n’était pas tout ! Il fallait compter sur la justice des seigneurs, celles des officiers du palais… Bref ca faisait bien du monde ! On imagine que cela occasionnait aussi de nombreuses disputes entre ces parties, nécessitant l’intervention du Parlement et des rois.

Aussi, avec Nicolas Delamare, et son Traité de la police, nous essayons d’y voir un peu plus clair.

 

Qui avait autorité sur les marchands de Paris ?

Au Moyen Age, la police intervenait sur les questions de sécurité mais aussi d’application des règles par les différents métiers. Les parisiens étaient soumis à l’autorité du prévôt. Ce représentant du roi avait son siège au Chatelet et s’appuyait sur ses lieutenants.

Toutefois comme Paris était la capitale du royaume, elle accueillait la cour, ainsi que les marchands et les artisans qui la suivaient. De qui dépendaient-ils ? De quelle juridiction ?

 

Tout d’abord, au palais, plusieurs officiers avaient une juridiction: le grand maître mais aussi le grand chambrier, le grand panetier, le grand échanson, le grand maréchal de l’écurie… Ces derniers avaient dans leur périmètre certains métiers, à l’intérieur comme à l’extérieur du palais.

 

Des marchands suivants une cour devenue itinérante

Au cours de son règne, au tout début du XVIe siècle, Louis XII désigna des marchands pour « pourvoir la suite de la cour de vivres, denrées et autres marchandises nécessaires ». Ces marchands comptaient cinq marchands de drap et de soie, six merciers, six chauffetiers, quatre pelletiers, deux fourbisseurs, six selliers, trois éperonniers, six cordonniers, trois lingiers, six bouchers, six poissonniers d’eau douce, quatre pourvoyeurs de soin et de paille, huit pourvoyeurs d’avoine, huit pourvoyeurs de volaille et de gibier, trente taverniers, quatre rôtisseurs et six vendeurs de gros bois et fagots…

On se doute que le roi lui-même ne choisit pas ces maîtres. Il laissa en effet ce soin au prévôt de l’Hôtel. En revanche, il distribua des privilèges aux heureux élus.

 

Première augmentation du nombre de marchands privilégiés

En 1543, son successeur François 1er revint sur cet édit. Rappelons-nous qu’à cette époque, depuis Charles VII, la cour était totalement itinérante. Elle ne revenait que rarement à Paris, la capitale du royaume.

Le roi trouvait que la liste de marchands retenus par Louis XII n’était pas suffisante. Ca faisait 93 marchands et artisans. Pas suffisamment ! Aussi, il les augmenta pour atteindre le nombre de 160. Ainsi, on compta 8 marchands de drap de laine et de soie, vingt merciers, huit chauffetiers, six pelletiers, trois fourbisseurs, six selliers, trois eperonniers, six cordonniers, trois lingers, douze bouchers, vingt deux poulaillers, poissonniers, vingt cinq taverniers cabaretiers, douze marchands de vin, dix pourvoyeurs de foin, de paille et d’avoine, huit verduriers fruitiers, trois apothicaires, cinq tailleurs, neuf carreleurs de souliers.

Cette fois-ci encore, le prévôt de l’hôtel se chargea de pourvoir les nouveaux postes. De cette manière, il fut désigné comme le juge de ces marchands privilégiés.

 

Quelle concurrence avec la police du Châtelet ?

Dans la seconde moitié du XVIe siècle, des cabaretiers de la suite de la Cour, s’installèrent voulant profiter d’une licence plus large. Aussi, le prévôt les visita comme les autres cabaretiers de la ville. De leur côté, les marchand privilégiés cherchèrent à les empêcher. L’affaire monta au conseil du roi, en présence de membres influents du parlement. Il donna raison à la police du prévôt de Paris.

Par la suite, les cabaretiers de la cour voulurent s’affranchir des règles pour la vente de volaille, notamment concernant les horaires. Ils cherchèrent à acheter des volailles en dehors des heures réservées aux professionnels. Une fois encore, le conseil du roi donna raison à la police parisienne.

 

Sous Henri IV, le nombre de marchands suivant la cour se développa encore. Il monta à 320 en 1607.

 

Baisse progressive de l’influence des marchands privilégiés

En 1618, Louis XIII voulut réduire le rôle du prévôt de l’hôtel. Ainsi, il retira les privilèges qui avaient été donnés à certains marchands tapissiers. En 1624, il fit de même avec un boucher privilégié.

En 1625, on interdit aux marchands privilégiés de s’associer avec d’autres étrangers de quelques nationalités que ce soit. On compléta les règles en obligeant les recrutements de nouveaux marchands à disposer d’une maîtrise dans Paris ou une autre des principales villes de France. Dans le cas contraire, un test sera  réalisé par d’autres marchands privilégiés.

Les marchands privilégiés pouvaient tenir boutique à Paris lorsque le roi s’y trouvait. Dés qu’il partait, ils devaient la fermer sous trois jours.

A noter tout de même que Louis XIII finit par augmenter le nombre de marchands privilégiés de 40 supplémentaires.

Sous Louis XIV, ce fonctionnement fut supprimé, en rapprochant avec les corporations de Paris les marchands privilégiés. Cela se fit communauté par communauté.

 

Sources bibliographiques :

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